Les détails qui tuent
C'est voir... | Chronique écrans
Peu avant 17 heures, mardi 2 avril, au moment où Michel Field prenait son service sur LCI pour sa tranche quotidienne, le '17-20', l'on vit ce que je pris d'abord pour les premières images filmées de Jérôme Cahuzac après sa mise en examen pour 'blanchiment de fraude fiscale' et 'blanchiment de fonds' : vêtu d'un costume gris clair souple, d'une chemise blanche col ouvert sous un pull noir, la main gauche dans la poche du pantalon, l'ex-ministre délégué au budget sortait de manière artificieusement nonchalante d'un immeuble. Drôle d'allure pour un jour si grave, me suis-je dit, avant de comprendre qu'il s'agissait - ce que n'indiquait pas LCI - d'images d'archives. (Celles-ci furent bientôt complétées par des clichés pris l'après-midi même où le député apparaissait, le visage grave et la tenue vestimentaire austère.)
Je me suis souvenu de la bonne vieille règle fondatrice du métier de journaliste, qui sépare les faits de leur commentaire, et ai constaté une fois encore que, si celle-ci est communément respectée par les rédacteurs, elle semble moins strictement observée par le traitement iconographique opéré par les médias. De sorte que l'image journalistique se présente le plus souvent comme l'information et son commentaire simultané : il est rare que les journaux et les écrans illustrent la mauvaise posture d'un homme politique en montrant ce dernier souriant toutes dents au soleil. Mais la photo de Jérôme Cahuzac se prenant la tête dans la main sur le banc de l'Assemblée a-t-elle été prise au moment où l'homme politique visé a reçu la mauvaise nouvelle ? Dès lors que les faits et l'image ne concordent pas, peut-on parler de manipulation ?
Hier, un autre détail connexe m'a frappé. Sur LCI, toujours, je découvre la première réaction de Jean-Marc Ayrault (avant son passage au '20 heures' de France 2) et l'entends (...)